« UE : la France doit passer de la main tendue à la chaise vide ! », par Alexandre Malafaye

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On peut certainement reprocher beaucoup de choses au Président Macron. On a aussi le droit de ne pas être d’accord avec lui, ou encore de questionner sa méthode. Mais au moins, au sein du périmètre dont il a la responsabilité directe, il agit de façon concrète et il prend des risques, y compris à titre personnel quand il va « au contact » des citoyens et dialogue sans filtre. S’il est encore trop tôt pour apprécier ce que sera la « big picture » de la France dans quelques années, nul ne peut contester que les lignes bougent et que l’image de la France à l’international se restaure.

Quoi qu’il en soit hors de nos frontières, ici, les critiques pleuvent. Les donneurs de leçons, les idéologues et les jaloux cherchent par tous les moyens à brouiller le message gouvernemental, à des fins trop souvent politiciennes et clientélistes. Rien de nouveau sous le soleil Français et notre jeune Président anticipait le risque de ces interférences lors de sa première adresse au Congrès, en juillet dernier.

Et lorsqu’il n’a pas la main pour agir, soit parce que le pouvoir est partagé, dilué ou éclaté (UE, ONU, etc.) soit parce qu’il se trouve confronté à plus fort que lui (USA, Russie, etc.), notre Président ne reste pas inerte pour autant. Il propose ! Il mouille sa chemise, comme on dit. Et là encore, ce n’est pas sans risque. Sur l’Iran, comme sur l’accord de Paris (climat), l’entreprise de charme n’a pas fait trembler la main de Donald Trump, qui signe un à un les décrets relatifs à ses engagements de campagne. Beaucoup pronostiquaient qu’il en serait ainsi. Cela voulait-il dire qu’il fallait ne rien tenter ? Au moins, le Président américain a pu constater qu’il n’y avait pas que des béni-oui-oui à la botte de l’OTAN en Europe.

Sur l’UE, son activisme lui vaut d’être vilipendé, et pas seulement en France. Mais il reste sur la sa ligne : depuis son arrivée aux affaires, et pendant sa campagne, il n’a eu de cesse de parler d’Europe, d’une ambition à restaurer, d’une efficacité à (re)trouver, d’une Europe qui protège et serait capable de renouer avec ces « peuples qui ont décroché ».

Mais il peine à convaincre les sachants. Par exemple, fin mai, 154 économistes allemands, et pas des moindres, ont signé une tribune publiée par le Frankfurter Allgemeine Zeitungpour dire « Nein » au projet de réforme et de gouvernance de la zone euro proposé par Emmanuel Macron. Fin de la messe. La rigueur, rien que la rigueur, et au diable la Grèce et quelques autres pays dont pourtant, on pressent bien qu’ils n’auront pas fini de rembourser leur colossale dette dans 300 ans…

Chacun y va de sa critique, de son approche budgétaire orthodoxiqueet de sa minuscule lorgnette pour stériliser le débat. En revanche, personne ne regarde loin devant, autour de lui et en arrière. Triste panorama. Personne n’a plus d’ambition pour l’Europe, sauf Emmanuel Macron, qui en défend une, à sa façon, et cherche un hypothétique chemin pour la concrétiser.

Qu’ils sont loin et vains les discours de La Sorbonne ou d’Athènes, me rétorquerez-vous ? Et qu’il fut laborieux à décrocher et superficiel dans les faits cet accord sur les travailleurs détachés. Certes. Mais que faut-il faire ? Devons-nous nous contenter de compter les points et de voir, un par un, les pays basculer dans le camp des populo-souverainistes ? La vague des courants extrêmes monte et la démagogie qui accompagne chaque campagne électorale poursuivra son œuvre de démolition européenne. Les Britanniques en savent quelque chose, qui ont vu les plus menteurs se faire élire.

Emmanuel Macron est à ce jour le seul à pouvoir agir et proposer de la sorte. Tous les autres grands pays européens sont soit empêtrés dans leur coalition, soit paralysés par leur absence de majorité, soit engagés dans des voies peu favorables à l’Union. Quant aux petits pays, pour la plupart, ils pensent d’abord à l’UE comme à un vaste supermarché et abusent de cet aberrant système de gouvernance qui leur accorde un pouvoir exorbitant pour refuser les logiques de convergences sociales ou fiscales afin de conserver leur avantage compétitif. Quel beau projet d’avenir ! Pour profiter du système, on peut compter sur eux. Mais que feront-ils quand il n’y aura plus de système ?

En revanche, sur les questions migratoires, sur les géants du Web, sur l’extraterritorialité de la loi américaine, ou encore sur l’Europe de la Défense, le silence est assourdissant. Quelles voix entendons-nous ? Bien peu en vérité, sauf celles qui réagissent quand notre Président s’exprime. Il sera intéressant de suivre la façon dont l’UE va s’accorder, ou pas, sur des sanctions douanières à l’encontre des USA après leur décision de taxer les importations d’acier et d’aluminium. Constatant que sur le dossier iranien, la Pologne est plus proche de Washington que de Bruxelles, nous avons quelques doutes… Sur la zone euro, dimanche dernier, la Chancelière Merkel a – enfin – esquissé une amorce de réponse aux propositions du Président Macron. Mais nous sommes loin du compte et il reste des dizaines d’autres sujets tout aussi essentiels à traiter si l’on veut vraiment améliorer le quotidien des 500 millions d’Européens.

Dans tous les cas, au terme d’une année passée à tendre des mains, à rencontrer les dirigeants de l’UE, à se déplacer (une quinzaine de voyages), à proposer et à se voir à chaque fois rembarré, Emmanuel Macron serait peut-être avisé d’en tirer leçon. Ainsi, lors du sommet européen des 28 et 29 juin prochain, notre Président pourrait-il rappeler en peu de mots l’engagement européen qui est le sien, pour ensuite se tourner vers ses 27 collègues avec une seule et simple question : « Que proposez-vous ? » Et d’attendre les réponses. Il est fort probable qu’à la surprise s’ajoutera l’embarras général. Ce qui permettra au Président de la République d’enchaîner pour annoncer la position française : tant que les 27 se contenteront d’adopter ces postures critiques sans rien mettre sur la table en retour, ce qui au passage, projette une image désastreuse de l’UE, notre pays se réserve le droit de faire cavalier seul :

– En pratiquant la politique de la chaise vide lors des prochains sommets et conseils des ministres de l’UE.

– En négociant en bilatéral, au sein de l’UE et hors de l’UE, sur tous les dossiers qui intéressent la France, puisque le collectif européen ne fonctionne pas et qu’in fine, cela préjudicie aux intérêts français.

Les paroles et les faux semblants ne suffisent plus. Sans actes, rien ne résistera aux arguments des anti-européens. Il faut du concret, ou bien une position française dure et déterminée. Un récent sondage donne une improbable mais pas impossible alliance entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan en tête des intentions de vote aux élections européennes de 2019. Si dans un an, un tel attelage supplantait en voix La République en Marche, c’est un autre quinquennat qui commencerait pour Emmanuel Macron, et pas pour le meilleur. La France a les moyens de jouer la rupture. Et c’est son désormais intérêt.

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