29 août 2014 : Un nouveau gouvernement, et alors ?

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Le mariage de la carpe et du lapin n’a donc duré que deux ans. Ou plutôt, celui de l’ambition démesurée et de l’incompétence chronique, sur fond de mensonges déguisés en promesses électorales ou en anathèmes. Résultat, deux ans de perdus pour la France. Cette fin tragico-médiatique était inscrite dans les gènes des premiers gouvernements du quinquennat Hollande. En sera-t-il autrement demain avec la nouvelle équipe constituée par Manuel Valls? Nous en doutons!

 Mais avant de nous projeter, revenons un instant sur les événements du week-end et le spectacle indécent auquel nous avons été contraint d’assister, après celui non moins pitoyable offert par les écologistes et leur cheftaine.

Soyons clairs. Le bilan d’Arnaud Montebourg est proche du néant au regard de son agitation. Sous son règne, le redressement de la France a été si peu productif qu’il a préféré provoquer la rupture avant que cela ne devienne contre-productif pour sa carrière. Car bien évidemment, pour lui comme pour tous les autres, l’intérêt de la France et des Français passe au second plan. Seule compte l’échéance présidentielle de 2017.

L’ex ministre parle d’une « séparation à l’amiable ». Si c’était le cas, il lui aurait suffi de démissionner! Au lieu de cela, il a fallu le virer manu militari et provoquer une nouvelle crise, qui ne manque pas d’affaiblir et de ridiculiser davantage l’État. La France et ses entreprises ont besoin de cohérence et de visibilité, et les gouvernants passent leur temps à générer du trouble et de l’instabilité. La France mérite mieux que ce bal des ambitieux à courtes vues et ces partis politiques qui divisent et opposent les Français pour mieux régner et conserver le pouvoir.

En vérité, si Arnaud Montebourg et ses pairs, de droite comme de gauche, avaient le souci du bien commun et de l’intérêt général chevillé au corps, ils auraient fait le constat de leur impuissance à réformer la France; ils devraient admettre qu’en l’état actuel du délitement du système politique et du dévoiement des institutions, le pays n’est pas gouvernable et les marges de manœuvre trop infimes pour peser vraiment sur le cours des choses, à commencer par la courbe du chômage. D’autres avant eux en ont fait l’expérience. Ils s’appellent Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, etc.

Cette évidence saute aux yeux, il faut être frappé d’incompétence pour ne pas la prendre très au sérieux, ou simplement regarder en face les indicateurs de la France; ils sont tous au rouge vif. Cette cécité a une origine simple: le système politique est si vicié qu’il produit uniquement des politiciens hors-sol, carriéristes, sans expérience autre que politique, et dont on voit les plus brillants spécimens truster le devant de la scène médiatique, l’éloquence au poing et l’aveuglement de l’ambition en guise d’armure.

Ainsi, au lieu d’assister impuissants et résignés à la mise en place du vingt-troisième gouvernement depuis 1981, les Français devraient voir leur président et l’ensemble des corps intermédiaires se mobiliser sans délai pour refondre notre modèle politique et enfin, doter la France d’un système de gouvernement qui permette de la redresser, de la relancer et de défendre sa place en Europe et dans le monde.

La refonte du système politique que nous appelons de nos vœux passera notamment par la prise en compte du vote blanc dans l’expression finale du scrutin, la mise en place du mandat présidentiel unique, une réduction des deux tiers du nombre des parlementaires, une harmonisation du calendrier électoral, une définition du statut de l’élu. Il faudra prendre des mesures destinées à lutter contre la professionnalisation de la vie politique et les rentes de situation. Il conviendra de redéfinir profondément les rôles et missions du pouvoir politique, de repenser ses rapports avec l’administration et de réorganiser l’État afin d’améliorer le service public (décloisonnement, principe de subsidiarité, numérique etc.). Enfin, le contrôle de l’action des élus devra être considérablement renforcé; cela nécessitera la création d’une institution indépendante chargée d’évaluer les politiques, les promesses électorales et d’informer les citoyens.

Oui! Nous avons le droit d’être bien gouvernés et la promotion de ce droit est une priorité absolue. Seule une révolution politique stimulera un fonctionnement plus vertueux et efficace de l’État et de ses représentants, au service de l’intérêt général. Car ce dont notre pays et nos concitoyens ont tant besoin, ce n’est pas d’une politique de gauche ou de droite, c’est d’une politique qui crée de la richesse, de l’emploi, de la justice et qui prenne en compte le long terme et les grands défis qui attendent la France au XXI° siècle. Mais hélas! nous ne pouvons pas compter sur cette classe politique indigne pour faire preuve du plus élémentaire sens des vraies responsabilités.

Voilà donc la France dotée d’un nouveau gouvernement depuis quelques heures. Les commentaires, les analyses et les interprétations affluent. Beaucoup de bruit. Mais rien ne changera sur le fond. Si ce n’est la poursuite du déclin et du décrochage de la France. Depuis deux générations, les mêmes causes produisent les mêmes effets qui bientôt, condamneront l’idée même de démocratie. Dans la pratique, ceux qui s’accrochent au pouvoir avec tant d’énergie vont tenter de faire illusion, jusqu’en 2017. Et ainsi de suite. Jusqu’au jour de trop.

Enfin, quant à cette austérité tant décriée par les plus populistes, il ne serait pas inutile de rappeler que bien gérer n’a jamais ruiné un pays! Au contraire. Ni que la redistribution n’enrichit pas une Nation, surtout lorsqu’elle vit à crédit. Si l’Allemagne voit sa croissance ralentir sur un trimestre, cela n’est en rien dû à l’austérité de sa politique, et nous ferions bien de prendre à Berlin des leçons de gestion des comptes publiques: pour la troisième année consécutive, le budget de l’État allemand est à l’équilibre, alors qu’il manque près d’une centaine de milliard d’euros pour boucler le nôtre.

Ceux qui hurlent contre le bon sens semblent ignorer que l’économie allemande repose sur ses exportations. Or, la croissance stagne en Europe et le commerce avec la Russie est entravé par les sanctions liées à la crise ukrainienne. Toute cette démagogie qui fait le quotidien de notre vie publique est affligeante, et rien ne l’arrêtera. Tant que le système favorisera ce règne de la parole et des formules vides, tant qu’il recyclera sans fin les mêmes têtes politiques, tant qu’il encouragera à mentir pour se faire élire, la France et les Français continueront leur lente descente aux enfers, et les bonimenteurs continueront de nous gouverner.

Nous n’attendons donc rien de ce nouveau gouvernement. Ou si peu.

Article signé Alexandre Malafaye. Pour le lire : cliquez ici

 

 

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