Journal des futurs #112 : Accélérer le rythme de la transition énergétique en Europe

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Livre Blanc : spécial élections européennes 2024
Comment faire mieux avec l’Europe ?

ACCELERER LE RYTHME DE LA TRANSITION ENERGETIQUE EN EUROPE

Isabelle PATRIER
Directrice France Total Energie

Le rythme de la transition en Europe transforme le secteur de l’énergie. Comme le démontre le découplage entre la demande d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et le PIB qui mesure la richesse du continent. La transition est en marche. L’Europe le prouve, elle est capable de générer de la croissance avec moins d’énergie et moins d’émissions.  

Ce découplage repose d’abord sur la sobriété et l’efficacité énergétique. En tant que fournisseur d’énergies, nous avons un rôle à jouer pour encourager nos clients à la sobriété énergétique. Cet appel à la sobriété par les énergéticiens français a été un déclencheur de la prise de conscience du sujet. Plus de 50 % de nos clients électricité particuliers et petits professionnels ont répondu à notre appel durant l’hiver 2022-2023 en réduisant leur consommation de 15 % en moyenne par rapport à l’hiver précédent. Un bonus moyen de 90 euros a récompensé les efforts, bien sûr, mais chaque geste compte et les consommateurs l’ont clairement compris. L’autre composante nécessaire et complémentaire de la sobriété est l’efficacité énergétique. Il s’agit de consommer l’énergie le plus efficacement possible et de réduire la quantité d’énergie nécessaire à la création de richesses et à la satisfaction de nos besoins. L’une des décisions structurantes de la COP 28 est claire : multiplier par deux l’efficacité énergétique d’ici 2030 pour réduire les consommations. Dans cette optique, TotalEnergies a décidé de lancer en 2023 un plan de plus d’1 milliard d’euros d’accélération de ses efforts en la matière sur deux ans dont l’objectif est d’économiser près de 2 Mt équivalents CO2

Troisième axe, l’électrification de la demande finale combinée à la décarbonation de la production d’électricité pour réduire les émissions, c’est un levier majeur de la transition énergétique, qui implique un effort massif d’investissement. 

L’électrification progresse, à commencer par les transports, premier secteur consommateur de pétrole : l’adoption définitive dans l’Union européenne de la date de 2035 comme fin de la commercialisation des moteurs à combustion au profit de voitures particulières et camionnettes zéro carbone accélérera la transition vers la mobilité électrique. Pour tenir compte de cette règlementation et des évolutions à venir du parc de véhicules, TotalEnergies a cédé ses activités de réseaux de stations-service en Allemagne et au Pays Bas et conserve une part minoritaire dans les réseaux en Belgique et au Luxembourg. En parallèle, la Compagnie se développe de manière offensive dans les nouvelles mobilités électriques avec un plan de déploiement de bornes de recharges électriques ambitieux sur les grands axes et dans les grandes villes européennes, en investissant dans la première giga usine française de batteries avec Stellantis et Mercedes-Benz et en étant l’acteur le plus dynamique pour le déploiement des bornes haute puissance sur les autoroutes.  

Au-delà des mobilités, pour décarboner une partie des usages, il faut produire de l’électricité bas carbone. Aujourd’hui, les énergies renouvelables sont le principal moteur de la décarbonation du mix électrique et connaissent une croissance de plus en plus rapide. TotalEnergies soutient l’engagement pris à la COP 28 par les pays dont l’Union européenne à tripler la capacité d’énergie renouvelable d’ici à 2030

Nous investissons principalement dans le solaire et l’éolien avec pour ambition d’atteindre 100TWh de production d’électricité en 2050 et d’être dans le top 5 des producteurs d’électricité renouvelable. Selon le dernier rapport du cabinet Mercom fin 2023, TotalEnergies est d’ailleurs le premier développeur de projets solaires au monde.   

Notre entrée récente dans l’éolien offshore en Allemagne, le plus grand marché électrique d’Europe, est une étape clé dans la mise en œuvre de notre stratégie pour devenir un acteur intégré majeur et compétitif de l’électricité et vient compléter nos développements éoliens en cours en Europe du Nord, Ecosse, USA et Asie. 

Décarboner l’énergie dans l’Union européenne nécessitera d’éliminer progressivement la consommation de charbon. Le gaz naturel pourrait alors jouer un rôle d’énergie de transition et remplacer le charbon dans de nombreuses utilisations tout en générant deux fois moins d’émissions. Flexible et contrôlable, le gaz est également un complément idéal aux énergies renouvelables intermittentes et saisonnières dans les centrales électriques. Pour assurer la stabilité de son réseau électrique sans nucléaire ni charbon, l’Allemagne prévoit de se doter de centrales à gaz. C’est pour garantir un approvisionnement d’électricité stable que TotalEnergies a constitué un portefeuille de génération électrique pilotable à partir de centrales à gaz. Ces centrales ont permis de compenser les impacts des aléas climatiques et de la baisse de disponibilité du parc nucléaire français en 2022. À terme, ces capacités ont vocation à être décarbonées par l’utilisation de biométhane ou d’hydrogène bas carbone. 

En complément de l’utilisation croissante de l’électricité dans les transports, nous croyons fortement au développement d’énergies bas carbone basées sur la transformation de la biomasse, des déchets, ou la production de molécules de synthèse (e-carburants) combinant l’hydrogène et le CO2 comme matières premières pour les secteurs difficiles à décarboner. En Europe, nous mettons en place un réseau de stations hydrogène pour les poids lourds, en partenariat avec Air Liquide. En France, nous produisons du SAF (Sustainable Aviation Fuels ou carburants aériens durables). Dès 2025, nos capacités de production se renforceront avec le démarrage de notre plateforme zéro pétrole de Grandpuits, exemple de reconversion de nos plateformes historiques de raffinage. C’est aussi en France que TotalEnergies est devenu le premier producteur de biogaz du pays. 

Pour atteindre le « zéro émission nette » en 2050, et donc capturer et stocker les émissions des produits fossiles restant dans le mix car non substituables par des énergies bas carbone, le développement de puits de carbone industriels à grande échelle (CSC ou capture et stockage de carbone) jouera un rôle essentiel. La mer du Nord a le potentiel pour devenir un centre majeur de cette technologie.  Nous investissons actuellement dans quatre projets de CSC en mer du Nord afin d’offrir à l’industrie européenne des services de transport et de stockage du CO2.  

Pour conclure, 3 facteurs sont essentiels pour faire mieux avec l’Europe car le rythme de la transition énergétique n’est pas assez rapide. 

Face à une demande d’énergie en hausse, il est impossible de « débrancher » le système énergétique actuel tant que le système énergétique décarboné n’est pas assez développé pour répondre à la demande mondiale. Les investissements dans le nouveau système énergétique doivent donc connaître une très forte accélération. En Europe et plus généralement dans les pays engagés pour la neutralité carbone à horizon 2050, la transition signifie mettre au rebut une partie des biens existants et financer leur remplacement par de nouveaux actifs bas carbone ; tout en maintenant les investissements dans l’innovation technologique et l’efficacité énergétique. Des transferts financiers vers les pays du Sud global sont également indispensables pour orienter leurs investissements vers les énergies bas carbone. 

Ensuite, l’accélération du rythme d’investissement dans les énergies bas carbone requiert une coopération forte entre secteurs privé et public et notamment de simplifier et accélérer l’obtention des permis pour accélérer le déploiement des réseaux et des énergies renouvelables. Il convient également de soutenir activement la transition du Sud global par le développement de garanties financières multilatérales indispensables au financement des projets et par le déploiement de formations pour accompagner la mise en œuvre locale de nouvelles solutions technologiques. 

Enfin, la transition ne se fera pas sans acceptabilité sociale (à la fois entre le Nord et le Sud et au sein même de l’Europe) et de véritables efforts de justice climatique. L’Europe doit mettre en œuvre des politiques visant à réduire la demande d’énergie tout en protégeant les citoyens à faibles revenus et en accompagnant celles et ceux que cette transition pourrait mettre en difficulté du fait de l’évolution des métiers, du besoin de financement de nouveaux véhicules, d’isolation des logements, et d’investissements dans la décarbonation des PME & PMI.

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