Note de Synopia #21 – Y-a-t-il un problème allemand ?

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Synopia a le plaisir de présenter sa 21ème note dans laquelle Antoine Pouillieute, conseiller d’État hr, ancien directeur général de l’AFD et ambassadeur, revient sur les évolutions de l’Allemagne.

Il pose une question qui peut sembler incongrue : « Y-a-t-il un problème Allemand ? ». Or, ces dernières années, de nombreuses interrogations émergent quant à la stratégie, à la place et à l’influence de l’Allemagne en Europe.

En effet, en dix ans, Berlin a pris cinq décisions unilatérales majeures pour l’Europe : 

  • Avec Angela Merkel : (i) la sortie du nucléaire civil et (ii) l’ouverture massive des frontières aux migrants ;
  • Avec Olaf Scholz : (iii) la création d’un fonds spécial de défense (Sondervermögen), (iv) le projet de bouclier anti-missiles European Sky Shield et (v) un plan de soutien à l’économie à hauteur de 200 Mds€. 

Désormais, l’Allemagne raisonne à nouveau en puissance centrale européenne. Il s’ensuit une responsabilité géopolitique qu’elle refusait hier par contrition (Leading from behind), mais qu’elle entend pleinement assumer aujourd’hui. « L’Allemagne est en train de rompre avec une forme de retenue particulière et solitaire… » déclarait Annalena Baerbock, ministre des Affaires Étrangères. Paradoxalement, cette affirmation survient au moment même où le modèle allemand, fondé sur l’Exportnation, entre en zone de turbulences : pénurie de main d’œuvre, transition « vertes », dépendance à la Chine… Et comme une récession en Allemagne déprimerait toute l’économie européenne, Berlin se doit de proposer un nouvel équilibre entre prospérité et puissance.

Tenant pour acquis que ce qui est bon pour l’Allemagne est bon pour l’Europe, Berlin avance vite et parle fort. Les modèles CDU/CSU d’Exportation et SPD d’Ostpolitik étant simultanément devenus obsolètes, l’Allemagne assume pleinement d’être désormais la puissance dominante et la force motrice de l’Europe. Faut-il le redouter ? 

Dans les années 1970, Zbigniew Brzeziński, conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, estimait que la France cherchait dans l’Europe la réincarnation de sa puissance, et l’Allemagne sa rédemption. Si la nostalgie confine à une errance sans fin, l’heure de l’expiation a bel et bien sonné. 

Pour que le couple franco-allemand ne se réduise plus à un rituel sans foi, il conviendrait que la France assume plus clairement ses divergences avec son grand voisin (comprenant énergie, défense, commerce, Europe), qu’elle les surmonte par des décisions plus que par des discours, et qu’elle s’engage résolument dans une Europe désormais caractérisée par de nouveaux équilibres politiques, géographiques, économiques et stratégiques.

Une question symétrique à celle posée ici pourrait donc être : « Y a-t-il un problème français ? ».

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