« De la COP 21 à la COP 23, deux ans pour rien ? », par Jérome Ferrier

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Les conclusions de la COP 21 en décembre 2015 avaient soulevé beaucoup d’enthousiasme car 195 pays, des plus avancés aux moins développés, s’étaient enfin entendus sur un accord fixant des objectifs pour parvenir à contenir les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques. Certes, il ne s’agissait que d’une étape dont il apparaissait clairement que les contributions de chacun seraient arrêtées à la COP 26 de 2020. A cette date, il faudra non seulement de figer les réductions d’émissions de chacun, et notamment les plus gros contributeurs aux émissions de CO2, mais aussi les contributions financières des grandes puissances économiques pour aider les pays les plus pauvres à respecter leurs propres engagements.

N’est pas forcément exemplaire celui qui prétend l’être

La COP 23 vient de se terminer, et beaucoup de déceptions se font entendre. Comme toujours, la réalité est plus complexe qu’il n’y parait et mérite une analyse plus approfondie que la présentation qui en est faite. D’un côté, on loue les efforts significatifs faits par deux des trois plus importants contributeurs, la Chine et l’Inde, pour limiter leurs émissions de CO2. Ils sont réels, justifiés par une contamination insupportable des principales mégalopoles de ces pays, à commencer par leur capitale Beijing et New Delhi, et dues davantage aux émissions de particules et d’oxydes d’azote qu’aux émissions de CO2 dont l’impact se mesure à plus long terme. Dans le faits, ces deux pays ont pris conscience d’une situation devenue intolérable pour leurs concitoyens et ont décidé de mesures qui visent à réduire les consommations de charbon, principale source de la génération électrique.

Selon les chiffres du Global Carbon Project les émissions de CO2 par personne auraient augmenté entre 1990 et 2016 de 247 % en Chine et de 158 % en Inde, deux pays qui représentent respectivement 28 % et 7 % des émissions mondiales. L’effet de leur politique volontariste ne portera ses fruits qu’à partir de 2030.

De l’autre côté, les USA qui génèrent 15 % des émissions mondiales de CO2 ont réduit de 19 % leurs émissions par personne entre 1990 et 2016. Mais leur refus de ratifier l’accord de Paris n’est certainement pas un bon signal adressé à la communauté internationale. On voit derrière cette décision à la fois la volonté de ne pas contraindre leur industrie nationale assise sur les productions d’énergies fossiles, mais également le refus d’honorer la charge financière destinée à aider les pays les plus pauvres dans leur politique de réduction des émissions.

L’instauration d’une gouvernance européenne en matière d’énergie est indispensable maintenant et aurait valeur d’exemple 

L’Europe quant à elle, avance un peu en ordre dispersé. La France a certes le taux le plus bas en tonnes de CO2 émises par personne grâce au développement historique de notre production nucléaire, et dans un degré moindre hydraulique. Nos émissions ont cependant augmenté légèrement ces deux dernières années.

Mais le pays le plus intéressant à observer est le Royaume-Uni. Pays de tradition charbonnière jusqu’aux années 1980, puis gazière avec le développement des gisements de Mer du Nord, le RU s’est engagé dans une politique très déterminée sur les quotas d’émissions et les mesures d’accompagnement. Le résultat est là : le RU a baissé de 43 % ses émissions par personne entre 1990 et 2016, ce qui le place en situation de leader européen.

La prise de conscience est à la fois individuelle et globale, et la France peut continuer de jouer le rôle fédérateur qui fut le sien en 2015 

Les accords de 2015 avaient suscité un tel enthousiasme médiatique que les conclusions du sommet de Bonn apparaissent, en comparaison, forcément décevantes. Compte tenu de l’agenda tracé avec la COP 21, il ne fallait pas s’attendre à davantage. Ne basculons donc pas d’un optimisme béat au pessimisme le plus noir.

Par ailleurs, les observateurs des questions internationales le savent bien. Les discussions les plus importantes sont souvent celles qui ne sont pas révélées, ou ne font pas l’objet d’un communiqué de presse. La prise de conscience planétaire n’est pas remise en cause et s’inscrit désormais dans un calendrier politique au sein duquel les bonnes intentions sont rattrapées par les enjeux diplomatiques et économiques. Rien de nouveau sous le soleil. Mais n’oublions pas que, bien souvent, c’est la pression des électeurs, ou celle des opinions publiques, qui ont permis de changer le cours de l’histoire.

Jérome Ferrier est Président d’honneur de l’Union internationale du gaz et membre du think tank Synopia

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