« Cet ancien monde dont le gouvernement n’arrive pas à se défaire alors qu’un nouveau est en train de naître sous ses yeux », interview d’Alexandre Malafaye

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Retrouvez l’interview d’Alexandre Malafaye sur le site d’Atlantico.

Atlantico : Ces annonces, très techniques, trahissent-elles une certaine surdité d’un gouvernement qui chercherait à répondre à l’élan pour un renouveau démocratique avec des mesures de l’ancien monde ?

Alexandre Malafaye : Avec ces annonces, le gouvernement tire un bord et il convient d’en prendre acte. Mais il est très regrettable d’avoir attendu trois semaines pour comprendre que tirer un bord ne veut pas dire changer de cap. Car les esprits se sont échauffés au-delà du raisonnable et, je le crains, ce qui est mis sur la table peut ne plus suffire. La vague jaune est toujours là, et elle menace de submerger Paris une nouvelle fois ! Voire la France.

Par ailleurs, ces réponses techniques fleurent bon l’ancien monde. A croire qu’Emmanuel Macron en est le dernier représentant !

Le gouvernement finit pas céder, se fait arracher quelques mesures et espère éteindre le feu après l’avoir allumé, alors que le mal est bien plus profond. Nous sommes dans le grand classique du pompier pyromane. Mais il faut comprendre que cette fois, la mèche est allumée et que si nous ne changeons pas de façon profonde l’art et la manière de gouverner, le système finira par exploser. Mais ceux qui gouvernent aujourd’hui et revendiquent leur appartenance au nouveau monde sont encore plus hors sol que leur prédécesseurs. Et en prime, ils n’ont aucune expérience, ni de la direction d’un pays, ni de la gouvernance des hommes et des femmes.

Cette absence d’appréhension et d’empathie avec les réalités humaines les empêche de comprendre que les gilets jaunes ont ouvert la voie à une contestation de masse qui se reproduira. A leur façon, ils imitent les « marcheurs » de la première année, avec une démarche collective qui part du bas. Sauf que cette fois, avec ce mouvement « gazeux » et instable, nul ne sait où cela mènera.

Voilà pourquoi les réponses du Premier ministre ne suffisent pas. D’autant que ce n’était pas à lui de monter au créneau. Une fois de plus, Emmanuel Macron joue à contre rythme. Son propos manquait de souffle, d’ampleur, de hauteur. Les français voulaient entendre leur Président, ils ont vu son ombre.

La confiance du peuple envers ses représentants semble encore se détériorer. Ces annonces répondent-elles vraiment au rejet profond du pouvoir qui transparaît depuis le début du mouvement des gilets jaunes ?

En son temps et face à une crise d’une gravité certaine, le Général de Gaulle avait dit « Je vous ai compris ». Les actes avaient suivis. Pas cette fois.

Qu’on se le dise, un moratoire sur les taxes carbone ou une non augmentation du tarif de l’électricité en février 2019 ne constituent pas un projet de société. Surtout face à des Français qui demandent la démission de toute la classe politique qui dirige le pays.

C’est un projet de société qu’il faut maintenant accepter de co-élaborer avec les Français, pour relancer ce qu’avait amorcé « En marche » mais à grande échelle et pour de vrai, afin que le plus grand nombre puisse dire un jour « C’est notre projet ! » Et au cœur de ce projet, ce sont la fraternité et la solidarité qu’il faut placer, pour que dans 10 ans, après 10 ans de travail, d’efforts et de transformation, toute la cordée puisse clamer que la France est un pays dans lequel il fait bon vivre.

Un tel projet de société est tout à fait compatible avec l’enjeu de compétitivité sur lequel il faut « en même temps » travailler pour que la France garde son rang dans la compétition internationale et reste une puissance de grande influence.

On ne sait pas encore quelle forme pourrait prendre la concertation que prévoit le gouvernement dans les six prochains mois. Au-delà de l’aspect technique de ces réponses, que peut-on dire de la méthode et de la manière employée par le gouvernement pour répondre à la colère populaire ? 

Une méthode floue face à un mouvement qui l’est tout autant, cela me semble déraisonnable. Pourquoi se contenter d’annonces tronquées ? Est-il possible de croire que des mots et des formules vagues maintes et maintes fois entendues suffiront ?

Pourtant, nous disposons de structures institutionnelles et de corps intermédiaires qui ne demandent qu’à être mobilisés pour accompagner de façon concrète, opérationnelle et proche du terrain cette grande concertation. En l’occurrence, le réseau du Conseil économique social et environnemental (CESE) et les CESER (les CESE des Régions). Ils sont composés d’une soixantaine d’organisations représentatives, qui vont des syndicats en passant par La Croix Rouge, les mutuelles, le monde agricole, les associations familiales, le monde coopératif, etc. Le CESE et les CESER sont passés maîtres dans l’art de la concertation. Ce maillage constitue une force extraordinaire. Pourquoi ne pas s’appuyer dessus ? Et sur le réseaux des préfets et des sous-préfets qui n’attendent que cela ? Espérons qu’il ne soit pas trop tard et que le Gouvernement, avec le Président de la République, parviendront à réussir cette grande concertation, en s’appuyant enfin sur toutes les bonnes volontés et les organisations représentatives existantes.

C’est de tout cela que nous débattrons le 14 décembre prochain au Palais du Luxembourg, à l’occasion des « premières rencontres du renouveau démocratique » que nous organisons avec Synopia (www.synopia.fr).

D’ailleurs, j’invite volontiers vos lecteurs à venir y participer. L’entrée est gratuite, mais il faut s’inscrire. Le programme est en ligne, sur notre site.

4 tables rondes sont au programme :

  • Le renouveau démocratique est-il réellement « en marche » ?
  • Réforme constitutionnelle : à quoi va ressembler la démocratie française ?
  • Engagement politique et mandat électif : la politique peut-elle être une activité comme les autres ?
  • Renouveau démocratique : jusqu’où pousser l’innovation ?
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